Il paraît que l'erreur est humaine | feat Ash&Nwella

Les jours, les semaines, les mots passaient. Je pensais pouvoir sortir Ashray de ma mémoire mais il était toujours là malgré le temps qui s'était écoulé. Cela faisait près de trois mois que je cherchais à le retrouver, à retrouver un signe de vie (parce qu'après tout ce que je lui avais fait, il devait probablement être mort). Puis non. Il était en vie, sur une île perdue au milieu de nul part. Je me demandais comment il était tombé là-bas et j'appris que Keira l'avait largué (ce qui était une bonne chose en sois). J'ai toujours détesté cette fille et j'espérait que l'histoire se terminerait ainsi. Maintenant, Ashray va pouvoir vivre une vie normale et sans embûches. Pourquoi cela ? Parce que j'avais décidé de prendre soin de lui, pas comme quand j'étais encore un ange. Je lui en voulait encore un petit peu de m'avoir fait renvoyer du Paradis, mais le fait que je sois humaine ne changeait en rien le fait que je devais encore le protéger. Bref, après avoir pris l'avion, le bateau et m'être rendue compte que j'avais le mal de mer, je me retrouvai enfin sur l'île ou se trouvait Ashray. J'étais bien résignée à lui remonter le moral et à me faire pardonner. J'avais démissionné de mon post de reporter au New York Times pour me concentrer sur ma mission mais j'avais toujours une grosse réserve d'argent. Au pire, j'espérais qu'Ashray m'en prêterait si besoin était. La dernière fois, il était riche, espérons que ça n'avait pas changé.

Je le trouvai sur la terrasse d'un café, totalement déprimé, un verre de Whisky à la main, totalement déprimé. Waw, je ne pensais pas que Keira allait lui manquer à ce point. Je soupirai et affichai un sourire jusqu'aux oreilles. Pas la peine d'être deux dépressifs à la même table. J'avançai vers lui en lui criant :

"Ashray ! je t'ai enfin retrouvé ! Je m'attendais à ce que tu sois en meilleur forme mais c'est pas rave, je vais arranger tout ça."

Je jetai un coup d'oeil au verre de whisky et le fit tomber de la table d'un geste de la main. Pas d'alcool ! Ca empirerait les choses dans l'état où il était. Je lui sourit et me présentai :

"Tu ne me connais pas encore donc, autant me présenter. Je m'appelle Nwella Elmaï et j'étais ton ange gardien jusque maintenant. Quelques petits problèmes au Paradis m'ont fait redevenir humaine mais peu importe. Je suis ici pour te remonter le moral et m'occuper de toi !!!"

J'attendis sa réaction. C'est vrai qu'à sa place, je n'aurais jamais soupçonné que j'avais un ange gardien puisqu'il a été le mec le plus poissard au monde, mais il fallait qu'il me croie !

Voyant qu'il état certainement en train de dormir, je me levai, blessée, et posai délicatement la main sur son épaule. Ce geste partait d'une bonne intention, mais le "casse-toi" du jeune homme me frustra encore plus. Je serai d'avantage son épaule avec de la lacher brusquement. La violence ne menait à rien. Enfin ... Je m'éloignai quelques peu et hurlai "Réveille-toi et écoute ta sauveuse !!!". Je donnai un coup de pied dans sa chaise, dont le pied vola quelques mètres plus loin. Ce n'étais pas vraiment pas mon intention, mais il était trop tard pour réagir. J'eus juste le temps de m'éloigner d'un pas avant que la chaise (et le jeune qui était dessus) ne s'affale sur le sol. Je fermai les yeux pour ne pas voir la chute d'Ashray, mais je me doutais que ça devait faire mal. Je soulevai mes paupières pour contempler l'ampleur des dégâts. Ashray était étalé sur le sol, à moitié assommé. Comment se faisait-il que je n'étais plus un ange et que je continuais à être une vraie poissarde ! Les personnes autour de nous s'étaient retournées, alertées par le bruit de la chute. Je fis un bref signe de la main pour leur signaler que tout allait bien, et ils détournèrent peu à peu leurs regards indiscrets. Je reportai mon attention sur Ashray, priant pour qu'il n'ait pas atterri sur les bouts du verre que j'avais explosé à terre il y avait de cela quelques secondes de cela. J'osai timidement :

"Ashray ... Ca va ?"

Pas de réponse. Etait-il mort ? Non, je n'entendrais pas ses gémissements s'il était (encore) mort. J'essayai de l'aider à se relever, mais il était trop lourd pour moi. Je le laissai donc tomber à terre une seconde fois, cherchant un moyen de le ramener chez lui. Il était temps que je m'occupe de lui en tout cas ... Je lui pris le bras et commençai à le traîner pour le ramener à l'intérieur du café. Je demandai au barman :

"Excusez-moi, où est l'hôpital le plus proche ?"

Me regardant de travers, il m'indiqua une clinique non loin de là. Je traînai encore Ashray jusque ma voiture (que j'avais louée) et essayai de le rentrer à l'intérieur. Une fois arrivée là-bas, j'essayai tant bien que mal de le remettre sur pied. Il avait un petit peu repris conscience et était donc plus facile de l'amener jusqu'à l’accueil où on m'indiqua la salle d'attente au premier étage. Je pestai contre l'hôpital et empruntai les escaliers après m'être assurée que l'ascenseur était bien en panne. C'était vraiment pénible de monter la trentaine de marches qui nous séparaient du premier étage. Il ne restait que quelques mètres quand je m'accordai une pause. Je lâchai Ashray quelques secondes, le temps de reprendre mon souffle, persuadée qu'il allait rester à sa place. Vous auriez deviné qu'il allait tomber ? Il dévala les marches et se retrouva en bas des escaliers, à nouveau étalé sur le sol. Je soupirai et partis le chercher. Des infirmiers prirent tout de même la peine de l'amener dans une chambre, histoire de voir qu'il n'avait rien de cassé. Ils me laissèrent dans le couloir, morte d'angoisse, essayant de me répéter "Ce n'est pas faute Nwella, c'est ... le destin". Le destin devait m'en vouloir terriblement ...

J'attendais dans le couloir, morte d'inquiétude. J'essayais de me persuader que ce n'était pas ma faute, que c'était juste le destin. Pourtant,c'est moi qui l'ai fait tombé de la chaise, qui l'ai à moitié assommé et l'ai laissé tomber dans les escaliers. Je me mordis les lèvres, au bord des larmes, et prit mon visage entre mes mains. Quand un docteur sortit de la chambre d'Ashray, je me précipitai vers lui. La première qui me venait à l'esprit était "Il va mourir ?" mais j'en posai une autre à la place :

"Qu'est-ce-qu'il a docteur ?"

L'homme me regarda quelques secondes puis soupira :

"Jambe droite et bras gauche cassés, à première vue. Il va devoir rester quelques jours à l'hôpital et ..."

Je n'attendis pas la fin de sa phrase et entrai dans la chambre où se trouvait le jeune homme. Il était dans un piteux état, mais était toujours en vie. Je me penchai vers lui et le regardai avec pitié. J'allais lui demander si tout allait bien mais il fut plus rapide :

« Je te déteste. »

Blessée, je reculai d'un pas sans pour autant le quitter des yeux. Il avait de bonnes raisons de me détester. Je n'avais pas su prendre soin de lui, ni maintenant, ni jamais. Je n'étais qu'une ratée, un misérable blaireau. Ce n'étais pas sa faute, je ne pouvais pas lui en vouloir, mais pourquoi suis-je tombée sur l'homme le plus malchanceux qu'il existe et qu'il existera jamais ?! J'essayai de sourire et lui dit :

"Je sais, mais en attendant, c'est moi qui vais m'occuper de toi. Je ne vais pas te laisser seul alors que tu es blessé"

Je me demandais si c'était vraiment une bonne chose que je m'occupe de lui, mais il n'avait personne d'autre.

"Tu n'as presque rien, juste un bras et un jambe cassée"

J'essayais de minimiser les dégâts mais je me doutais bien que ça devait l'énerver de se trouver en ce moment dans un lit d'hôpital. Je soupirai et continuai de parler

"Tu devras juste rester à l’hôpital quelques jours, puis tu pourras rentrer chez toi où je prendrai soin de toi"

Je voulais absolument me rattraper et j'étais persuadée de pouvoir bien m'occuper de lui. Une occasion se présenta lorsqu'une infirmière entra dans la chambre avec un plateau repas. Je lui fit un signe de la tête pour la saluer et regardai ce qu'il y avait à manger : soupe, légumes, rien de très consistants. Elle prit la soupe et s'approcha du lit. Je l'arrêtai en disant :

"Laissez, je vais le faire"

Elle me regarda quelques instants avant de me tendre le bol. Je lui souris et a remerciai avant qu'elle ne quitte la chambre. Je me tournai vers Ashray avec un grand sourire et lui dit :

"Allez, il faut que tu reprennes des forces ! Et même si ce n'est pas de la grande gastronomie, c'est mangeable tout de même. Alors fais un effort."

Je pris la cuillère et m'approchai de lui. Je voulais bien faire, au moins une fois dans ma vie. Et bien ce jour n'était pas encore venu puisque le bol de soupe bouillante glissa de mes mains et son contenu se déversa sur Ashray. Paniquée, je pris un essuie qui traînait et tentai d'éponger la soupe. mais une infirmière qui passait me vit et entra dans la chambre en posant des tas de questions "Qu'est ce qu'il s'est passé ? Mais comment vous avez fait ? Vous êtes cinglée ou quoi ?". Je voulus l'aider mais elle me mit à la porte. Et je retrouvai dans le coulir, à nouveau, en train de culpabiliser.